Très jeune déjà on juge indispensable de s'installer dans les cercles connectés pour s'y creuser une petite niche. Et puis, à force de rentre-dedans et de tweets à la chaîne, on pourrait même envisager d'acquérir une certaine surface, commencer à gonfler la voilure et se forger une e-réputation. Parce que maintenant on ne raisonne plus qu'en termes de plateforme, il faudrait donc toujours à la pensée un logis, une adresse. Mauvais pli, l'affaire est mal engagée.
Il convient de le dire et de le répéter aussi souvent que nécessaire, la pensée n'a pas de localisation. Phénomène quantique par excellence, la pensée n'a pas vocation à stationner dans les situations ni même à la jonction des théorèmes, fussent-ils métaphysiques. La pensée n'excelle qu'à planer où bon lui semble, voler en une nanoseconde d'un bout à l'autre de l'éternité ou encore et tout simplement, marcher dans le vide.
Il convient de le dire et de le répéter aussi souvent que nécessaire, la pensée n'a pas de localisation. Phénomène quantique par excellence, la pensée n'a pas vocation à stationner dans les situations ni même à la jonction des théorèmes, fussent-ils métaphysiques. La pensée n'excelle qu'à planer où bon lui semble, voler en une nanoseconde d'un bout à l'autre de l'éternité ou encore et tout simplement, marcher dans le vide.
La pensée opère toujours à la marge, dans l'intervalle subtil entre les vagues d'énergie, tout affichage sémantique n'étant en somme que le signal formel d'un processus réussi à l'instar du lumineux clignotement des étoiles lointaines. Alors quand la politique du nouveau web consiste à vouloir nous assigner à résidence, sans doute pour tenter d'enchaîner la pensée à d'influents circuits algorithmiques de prescription sociétale et idéologique, il s'agit de lui tirer l'échelle sans l'ombre d'une hésitation.
Les nouveaux parcs à thèmes proposés dans l'espace numérique laissent déjà entrevoir leur véritable destination, qui est le formatage d'une clientèle captive. Si les programmes en cours, comme tous ceux qui les ont précédés, nous paraissent à nous autres béotiens résulter de connaissances technologiques extrêmement sophistiquées, il n'en n'est généralement rien : leurres pour la pensée et marketing de masse. Ah! le puissant susurrement des mots magiques : cloud computing, crowd sourcing et autres e-tutoring. Le caractère culture populaire et bon enfant d'injonctions subliminales, du style : "Voyez comment nous, des geeks extraterrestres surdoués, prenons sur notre agenda déjà hyperbooké pour vous expliquer patiemment comment vous aussi pouvez développer votre intelligence".
Oui, bien sûr, mais non sans façon ! Poliment mais fermement. Sous prétexte d'être en phase d'apprentissage, on n'est pas obligé de tomber tête baissée dans tous les panneaux, car la démonstration est toujours à refaire même si la mémoire garde les empreintes d'expériences antérieures réussies. Les anciennes générations connaissaient le luxe de l'ennui mais aussi la liberté d'utiliser l'intellect à leur guise. De nos jours, c'est la pensée elle-même qui se trouve être l'enjeu de manœuvres organisées visant sinon à la domestiquer, du moins à la conditionner.
Penser à penser est déjà une forme de sauvegarde. En outre, s'exercer régulièrement à "penser dans le vide" est un bon entraînement de combat. Par ces temps qui s'annoncent troublés, mieux vaut éviter de se rendre trop dépendant d'artifices extérieurs si l'on tient à garder une certaine vivacité d'esprit et un semblant d'autonomie de jugement.
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