20 février 2017

Compartiments



 
 
 
En ce début de vingt-et-unième siècle la multiplication des vecteurs de communication est telle que les discours et les pensées ont tendance à se stratifier, à s'agglutiner autour d'un noyau central qui doit rester bien visible pour ne pas disparaître à l'horizon, tout simplement.
 
Dès lors on constate jour après jour que le formidable déluge d'informations dont nous disposons actuellement requiert non seulement une certaine rationalité dans le triage et l'archivage, mais aussi et surtout beaucoup de flair dans le dédale des références. Le beau métier de documentaliste peut désormais se comparer à celui de détective, tellement il faut d'intuition pour ne pas rester dans le gros du troupeau manipulé sans égards par le bon berger Google. Ah! mais l'intuition ne suffit pas, il faut aussi de la culture mais bref, c'est une autre histoire.
 
Toujours est-il que pour l'utiliser ou la classer on a besoin de compartimenter l'information mais avec souplesse et doigté, de sorte qu'elle soit toujours prête à ressurgir en cas de besoin. Certains artisans de la culture prennent le mot compartiment à la lettre et n'aiment pas trop l'idée qu'on pourrait s'y mouvoir comme dans un océan conceptuel, toujours en mouvement.
 
Et c'est pile à ce moment que nous avons besoin de visualiser un mouvement, un déplacement subtil qui crée un compartiment passager, comme dans une maison japonaise lorsqu'on déplace une cloison de papier sans bruit, juste un petit courant d'air tiède qui passe dans le dos...
 
Et là, Monsieur Goux vous saurez vous aussi lâcher prise.
 

 
 
 





7 février 2017

Distorsions médiatiques


 



Il nous faut aujourd'hui admettre que la perception que nous avons de la réalité repose pour beaucoup sur le qu'en dira-t-on et plus particulièrement ces temps-ci, sur le dît médiatique...
 
En effet, les media modernes se sont diversifiés à un point tels qu'ils sont parfois méconnaissables, se présentant volontiers comme de simples vecteurs d'information, alors même qu'ils fonctionnent en véritables générateurs de processus qui bien souvent les dépassent. Nous flottons désormais dans une sorte de demi-monde entre vérité et mythologie, oscillant comme des somnambules à la recherche d'indices de probabilité. A nous de dénouer l'écheveau des données brutes qui se trouvent spontanément à notre disposition et celles qu'il faut aller chercher soi-même en suivant sa propre intuition.

Le culte de l'information est en vérité une addiction dure et tous ceux qui en font commerce le savent bien : une fois qu'on y a goûté on n'oublie jamais ses effluves, on circule parmi l'offre des chaînes avec un appétit inextinguible de nouveautés, on slalome parmi les sites répertoriés pour leur pertinence, on court toujours pour satisfaire une curiosité jamais comblée.

Car on sent bien sous le flou des révélations distillées au compte-goutte qu'il y a quelque chose comme un grand vide à combler, un grand silence à meubler et c'est bien l'aléatoire qu'il s'agit de prendre de vitesse. Avant que l'orateur ne parle, on parle pour lui. Les journalistes qui tiennent salon à heures fixes sur les petites chaînes à la mode jouent la scène entre eux, avant même qu'elle ne soit écrite, avant même qu'elle n'existe si elle devait exister un jour...

Parfois l'information change de visage, il ne s'agit plus de renseigner sur le réel mais de façonner la réalité selon certains dispositifs expérimentaux ou certaines instructions provenant d'employeurs tenant à rester dans l'ombre. Le récent cas Fillon a été très explicite sur ce chapitre : nous avions un candidat à la présidentielle déjà sur son orbite après avoir passé victorieusement la course d'obstacles de la primaire, quand soudain surgit de nulle part une accusation mettant en cause son honnêteté et celle de son épouse. Après examen, on voit bien qu'il s'agit de beaucoup de bruit pour pas grand chose, mais ce pétard aurait pu être une bombe.

Et c'est bien le but que visaient ceux qui ont jeté l'affaire sur la place publique, à savoir les commanditaires du désormais historique "Penelope Gate".