16 décembre 2016

Transmutation


A cette époque, nul besoin d'un regard particulièrement attentif pour discerner les habituels rituels qui accompagnent les changements de saison ou les périodes de fêtes. Les caravanes s'animent le long des voies, les appétits s'aiguisent et les yeux des enfants se mettent à briller. Ceci vaut pour le décor.

Mais dans cet aimable défilé aussi, voici l'esprit qui orchestre ses propres joies et tourments. Ah! sortir se jeter parmi la foule pour oublier les petits tracas du quotidien ou préférer garder un certain quant à soi et rester dans son donjon à philosopher sur la vie qui s'écoule...

Et c'est alors que le cerveau saisit au vol ce qu'il ne devrait jamais lâcher de vue, à savoir cette étroite corrélation qui existe entre la conscience et le réel, si étroite qu'on peine parfois à distinguer entre les deux. Par principe, on ne devrait jamais séparer la réalité de l'esprit car il n'y a pas de réalité objective sans esprit pour attester de sa réalité.

On nous rétorquera que la science est objective et qu'elle bénéficie par conséquent d'une forme de stabilité autonome, alors que la conscience est une donnée subjective, donc plus ou moins sujette à caution. Et c'est précisément là que réside l'erreur commune qui consiste à vouloir détacher la science de sa condition de production intellectuelle.

En effet, on ne saurait nier que toute forme de science n'est que le résultat d'une opération de transmutation exercée par une intelligence dans le cadre de formes d'activité couramment répertoriées comme activités de l'esprit. La transmutation réside dans la collecte d'informations jugées pertinentes, de leur analyse et d'un travail spécifique faisant appel à la créativité et ouvrant des passerelles conceptuelles permettant des développements ultérieurs.

Certes une telle mise au point peut paraître ardue dans une société aussi matérialiste que la nôtre. Néanmoins une fois dûment examiné, le constat ne peut être que réjouissant : nous sommes donc libres de nos choix et maîtres de notre décor mental, comme nous l'indiquent les philosophies et les religions depuis des siècles...



Illustration :
Vladimir Kush

22 novembre 2016

Le retour aux valeurs sûres



Il n'aura échappé à personne que le résultat des dernières élections américaines semble devoir donner un sérieux coup de frein à l'emballement d'un mondialisme débridé, tel que conçu par une caste de notables hors sol. Les classes moyennes laissées au bord de la route et commençant à sentir qu'on se moquait un peu d'elles décidèrent en fin de compte de prendre leur revanche en élisant Donald Trump.

En France, où le peuple s'apprête aussi à élire un nouveau président, les premiers indices montrent de même que les électeurs ne sont plus aussi enclins à prendre les vessies pour des lanternes et qu'il faudra désormais compter avec un certain scepticisme désabusé. Ici aussi les élites mondialisées se sont octroyé tous les droits, y-compris celui de réorienter les manuels scolaires dans le sens de leurs fumeuses théories. Le président socialiste était trop assidu à satisfaire ses menus plaisirs pour entendre les inquiétudes qui s'exprimaient alors. Trop occupé aussi pendant les soixante heures qu'il passa à disserter avec deux journalistes autour de dîners fins, trop vaniteux sans doute pour ne pas avoir anticipé le scandale qu'allait causer la publication de leur livre.
 
Bref, il semblerait que l'heure soit désormais au repli sur soi, de même qu'à une certaine austérité de bon aloi. Et c'est précisément dans cette configuration que surgit celui qui pourrait bien être l'homme de la situation, sobre et efficace. François Fillon a en effet le profil idéal pour devenir le nouveau président français, puisqu'il séduit déjà bien au-delà de son propre camp. Premier ministre stoïque de Nicolas Sarkozy pendant les cinq ans de son mandat, pilote de course à ses heures de loisir, des nerfs d'acier et un tempérament plutôt flegmatique, c'est aussi un homme d'une grande rigueur. L'apparition sur le devant de la scène politique de ce patricien sarthois élevé chez les Jésuites semble indiquer qu'un nouveau tournant se dessine dans le champ de l'histoire et tout laisse à penser qu'on entendra désormais des notes plus classiques résonner dans les salons feutrés.

Repli stratégique d'abord et méditation sur l'état des lieux. Remettre l'église au milieu du village (n'en déplaise aux toujours mondialistes juppéistes) et ne plus craindre d'explorer ses propres ressources laissées trop longtemps en jachère. Réapprendre à restaurer ses forces intérieures sans craindre les assauts d'un réel toujours sujet à caution...



Illustration :

Vladimir Kush


 

30 octobre 2016

Octobre rouge





Revenons donc à nos réflexions paraphilosophiques pour le seul plaisir de donner tort à ceux qui n'osent plus rêver et qui, faute de mieux, croient encore devoir prendre leurs ordres chez les gourous de l'économie et les magnats de la presse.

Point n'est besoin d'être un grand expert pour saisir qu'à ce jeu-là on a trop vite fait d'abdiquer le peu de ce qui pourrait nous rester comme ambition et comme capacité de décision.

Suivre ses intuitions est toujours un bon principe, surtout si on s'en sert souvent. L'intuition étant comparable à un muscle qui a tendance à se relâcher quand on ne l'utilise pas régulièrement, profitons-en pour tester dès à présent où en est notre véritable pouvoir de discernement !





Photo :

Haykel Ezzeddine,
Tribune de Genève






24 septembre 2016

Se faire hacker par Google...

 

Et voilà, on tient un petit blog sans prétentions, sans faire trop de vagues ni provoquer une affluence incontrôlable...


Voguant paisiblement au fil des inspirations diverses, d'un parti pris privilégiant résolument l'originalité au détriment de la quantité et parfois il faut bien se l'avouer, tributaire d'une certaine aversion de la discipline, on n'y passe donc pas tout le temps qu'il mériterait.

Et quand humant dans l'air quelque nouvelle idée à développer, enfin on se décide à remettre l'ouvrage sur le métier, on constate avec effroi que la Méduse omniprésente a décidé d'y insérer ses tentacules et de tenter un hold-up.

Du jour au lendemain, Google entend prendre les rênes et imposer sa loi. Et c'est dans la partie centrale du blog, neuronale pourrait-on dire, là où sont rangés tous les détails biographiques que Google fait le ménage. C'est son job, les biographies ça lui appartient désormais et il tient à ce que cela se sache. La mise en page originelle s'est donc retrouvée gracieusement modifiée par la puissance tentaculaire.

La présentation de l'auteur en particulier semble intéresser le monstre, bien plus que les articles eux-mêmes car il ne se pose pas encore en critique littéraire et c'est heureux. Ce qui doit l'intéresser avant tout, c'est d'avoir la main mise sur les opérations depuis l'intérieur du dispositif. Blogger est en effet un logiciel libre qui est à la disposition du public et qui n'est plus soutenu par une équipe d'aide en ligne. L'auteur d'un blog Blogger se débrouille donc comme il peut, et si décidément le résultat n'est pas digne  de ses efforts, il peut toujours laisser le blog tomber en désuétude et en recommencer un nouveau. Mais ce n'est pas ce que recherche Google lequel aime le mouvement, la circulation et les statistiques.

Et bien, je dis donc officiellement à la Méduse : ok ! j'ai compris que c'était une forme d'onction, une récompense, voire un honneur que me valent mes aimables lecteurs européens et ultra-marins...

La mise en page de la bio a retrouvé sa forme originale, tout est rentré dans l'ordre. Google veille sur nous...


7 août 2016

Le niveau de la mer

 

L'été est une longue attente improbable, une saturation des sens qui confine chez certains à l'abrutissement.
 
En temps normal déjà, on a parfois envie de tancer, d'interpeller voire de légiférer car les imbéciles sont légion. En période estivale toutefois, on constate que  cette espèce particulièrement nocive pullule et s'égaille en toute impunité. Mal éduqués, sales et incultes ils s'adressent à vous avec l'insolence des malappris et s'enhardissent à vous voir encore si courtois.
 
Ils vous coupent l'herbe sous les pieds et vous font bien sentir qu'ils ne vous aiment pas. C'est réciproque.
 
D'ordinaire les vilains et mesquins restent agrippés à leur petit monde, leurs habitudes bien régulières et leurs petits codes mondains. En cette saison toutefois, la clôture est ouverte ce qui leur permet d'aller et venir en brassant de l'air. Certaines femmes de cette espèce frivole en profitent parfois pour pratiquer un sport considéré par elles comme étant du dernier chic : la chasse au spécimen non conforme... une sorte de chasse aux sorcières des temps modernes en quelque sorte.
 
Et dans ce monde rabougri où triomphent les bas du front et les petites brutes congénitales la gent masculine est loin d'être en reste. Il paraîtrait que même les géants ont oublié d'être gentils.
 
L'été serait donc une sorte de révélateur psychologique où chacun peut se voir en miroir et évaluer son propre niveau de sauvagerie ou de civilisation. Il est facile d'aller visiter quelques peuples défavorisés, de les juger barbares parce qu'ils n'ont pas l'eau courante et de se croire supérieur à eux. Pourtant c'est précisément au sein de ces diverses peuplades que l'on rencontre encore tant de gens délicats, fort bien éduqués et souvent raffinés.
 
De vraies belles personnes qui ne sont pas les simples stéréotypes sans âme que nos sociétés occidentales en sont à produire à la chaîne...
 
 
 
 
 
Illustration :
 
Vladimir Kush
 
 
 
 
 
 

 

12 juillet 2016

La recherche de la liberté


L'été est souvent une longue plage de silence, entrecoupée par des fêtes aussi bruyantes qu'éphémères. Lorsqu'elles sont finies, l'horizon s'étire à l'infini et l'on finit par souhaiter que quelque chose, un évènement quelconque survienne dans cet éternel no man's land...
 
Mais c'est alors qu'on a l'impression de n'être qu'une simple mouche patinant sur une vitre, que l'on pourrait le mieux mettre à profit ce passage à vide pour comprendre ce que représente pour nous le privilège de la pensée. De la pensée qui sélectionne et qui choisit. De la pensée qui comprend ou qui ne comprend pas. De la pensée qui erre et qui se trompe.
 
J'ai en effet beaucoup de respect, de l'admiration même pour ces moines bouddhistes qui ont fait le vœu de consacrer leur vie à l'étude de la pensée et de ses puissantes facultés. Pour ce faire, il s'asseyent en tailleur tous les matins jusqu'au soir, silencieux et les yeux mis-clos. En apparence ils ne font rien du tout, seule leur pensée se meut...

Ils nous enseignent en tous cas que la liberté, avant de pouvoir s'exercer dans l'action doit être construite dans notre propre for intérieur. La liberté est d'abord une attitude mentale qui se forge et se développe au fil du temps.


"Sans différences dans l'esprit, pas de différences dans la Réalité; sans élaborations dans l'esprit, pas d'élaborations dans la Réalité, car toutes les facettes de la Réalité sont des métamorphoses commandées par l'esprit."
 
Houang-po
Maître Tch'an du IXe siècle.
 
 







26 avril 2016

Penser en dehors des modèles


Dans une civilisation complexe et mondialisée, il devient parfois problématique de garder un peu de fraîcheur mentale en abordant certains thèmes, sans être aussitôt piégé par quelque apriori inconscient.

Nous sommes tous conduits par notre éducation et nos habitudes à répéter certains schémas de pensée de manière quasi automatique, cela est maintenant bien connu. Du moment que ces circuits sont parfaitement opérationnels et ne nous causent aucun dommage avéré, tout semble aller pour le mieux.

Mais ce processus invasif ne fait que s'amplifier à l'ère d'Internet. Nos habitudes de surf, nos sites favoris, l'adoption de nouveaux termes lexicaux façonnent dans notre esprit de nouveaux paysages cognitifs dont il sera essentiel pour nous de prendre conscience. Il faut en effet faire l'expérience de s'arrêter inopinément dans le déroulement autonome de nos pensées pour se rendre compte à quel point elles sont biaisées par des nouveaux schémas, artificiellement induits par les sémantiques virtuelles auxquelles nous avons quotidiennement à faire face.
 
Les terminologies branchées, les expressions à la mode cachent parfois tout un arrière-plan de structures cognitives qui ne demandent qu'à s'implanter dans nos cerveaux sans demander notre permission. Généralement, il n'y a pas là matière à s'alarmer en ce qui concerne les adultes, bien qu'il ne soit jamais agréable de découvrir qu'on est l'objet d'une manipulation.
 
Sans aller jusqu'à plébisciter cet adage populaire dont l'auteur pourrait être un certain Alzheimer et qui prétend que "la culture est ce qui reste quand on a tout oublié", nous  prescrivons néanmoins une élimination régulière et sans pitié des programmes parasites.  C'est pourquoi nous pratiquons quant à nous assez volontiers l'introspection afin de nous débarrasser des éventuels formatages psychologiques qu'on voudrait nous imposer.

De sorte que dans ce domaine aussi notre mot d'ordre favori restera :
 
"no limits, no models !"
 

15 mars 2016

Uberisation cognitive


Les affaires reprennent... Entre deux averses et quelques flocons de neige, voici déjà poindre les premières fleurs de magnolia, exhibant leur pose élégante à l'extrémité des branches encore nues.

Et nous-même avons en ce moment fort à faire pour courir après un monde qu'on essaye de nous escamoter en nous le présentant déjà comme radicalement nouveau. Un vœu pieux, à vrai dire, car nous ne somme pas si dupes !

Prenons par exemple ce  fameux procédé d'uberisation, qu'on essaye de nous vendre comme révolutionnaire dans les domaines les plus divers. En réalité, il s'agit d'un phénomène de leurre et le mythe de simplification qu'on lui prête volontiers correspond tout bonnement à l'effacement des critères de qualité, selon la formule magique : "mieux, en moins bien". En gros, il s'agit là d'une méthode de sauvage : je rentre dans le champ, je bouscule tout et je prends la place.

Si l'usage désormais généralisé d'internet est sans doute un accélérateur de communication et d'échanges productifs, c'est aussi une source inépuisable de malentendus et de manipulations. A tel point, qu'on en vient parfois à regretter le bon vieux temps où nous n'avions que la télévision pour nous proposer des fictions. A l'époque en effet, on voyait à peu près d'où venaient les coups. Un peu de culture générale et de présence d'esprit suffisaient généralement pour identifier tant le contenu du message que les intentions du messager. Aujourd'hui, virtualité oblige, les pièges sont subtilement disséminés partout, presque indétectables, parfois revêtus des apparences les plus officielles. Laissons de côté tous les virus, malwares et autres infections dont il est conseillé de se prémunir pour nous concentrer plus spécifiquement sur le risque essentiel qu'encourt de nos jours l'internaute distrait ou naïf, à savoir la manipulation psychologique. Le piège mental.

Invisible, indicible, improbable : une sorte de technologie du crime parfait est en train de se développer sous nos yeux ébahis. Sous des apparences respectables, on voudra nous vendre telle théorie, telle nouvelle pratique dans l'économie numérique ou telle information non vérifiable. Le processus est des plus simples : il suffit de sélectionner quelques mots-clés attractifs et de bricoler un site, un blog, un point de chute quelconque. Ne reste qu'à faire tourner le moulin, business as usual... on fait courir des rumeurs, on modifie les pages Wikipedia, on sature Google de leitmotive envahissants et bien ciblés.

De nouveaux concepts seront ainsi créés et si leur symbolique s'avère suffisamment efficace et attractive, ils seront bientôt intégrés dans la nouvelle mythologie qui est en train de se mettre en place. Non, l'homme n'a pas besoin de voir pour croire. En revanche il a toujours besoin de croire pour vivre.

Heureusement, les bons détectives n'ont pas fini de détecter...

2 janvier 2016

Passages secrets


A Nomi, avec mes pensées amicales...



Il y des lieux et des instants que nous ne pouvons franchir qu'à l'instinct et à la débrouillardise. Aucune expérience préalable n'est requise, puisqu'il s'agit à proprement parler d'une initiation que nous subissons : ce que certaines civilisations définissent parfois comme des rituels de passage, mais que nous sommes toujours appelés à vivre individuellement et dans le secret de notre esprit.
 
Nous arrivons ici en territoire inconnu et nous n'avons aucun repère. Il nous faut donc tout inventer, tout découvrir, faire confiance et nous faire confiance.
 
Certains parlent à ce propos de lâcher-prise, mais ce terme est ambigu puisqu'il est surtout question ici de l'apparition de nouvelles opportunités. Tout changement pourrait se révéler être l'occasion d'acquérir des connaissances inédites, d'explorer des expériences inconnues ou de développer des facultés dont nous n'avions pas conscience jusqu'ici.
 
Certes, pour apprendre à voler il nous faudra quitter l'assurance de la branche. Et pour reposer notre grande fatigue, il nous faudra sans doute accepter de fermer les yeux afin de pouvoir nous abandonner au sommeil, ce grand médecin de l'âme.

Laissons-nous donc surprendre par l'inconnu et bon passage à vous tous, voyageurs de l'esprit...